ALIMENTS ITINÉRANTS
vers le frigo de la bienveillance
Alexandra Gladu
Au Canada, 40% de la nourriture serait gaspillée, alors qu’une personne itinérante sur cinq ne consommerait en moyenne qu’un repas ou moins par jour. Ces statistiques soulèvent de nombreux questionnements liés entre le gaspillage alimentaire et la justice sociale. Considérant la décroissance et les impacts des changements climatiques, que se passerait-il si une perturbation météorologique créait une vague de crise alimentaire ? Ou encore, une catastrophe naturelle qui empêcherait le ravitaillement de la ville, comme il fût le cas lors de l’ouragan Katrina en 2005 ? Entre la ferme et l’assiette, les aliments parcourent plus de 2000 km, ayant un coût environnemental énorme. On se retrouve entre un accès inéquitable à l’alimentation en plus d’épuiser les ressources de la planète.
Face à l’urbanisation de nos villes, nous devrons réaliser un jour ou l’autre que « le béton ne se mange pas ». Ainsi, il est grand temps de prendre conscience de l’importance d’assurer la sécurité alimentaire dans nos quartiers et de réduire le gaspillage alimentaire. Par conséquent, les aliments qui ne respectent pas les normes de « perfection » promus par la société, se retrouvent eux aussi itinérant. Rejetés, en marge de la société et isolé. Donc, pourquoi ne pas se servir du gaspillage pour nourrir les gens dans le besoin ?
Le temps est venu de renouveler la pratique de l’architecture moderne et de proposer des solutions résilientes à l’insécurité alimentaire où l’entraide devient un vecteur de développement et où les citoyens se rassemblent afin de transformer leur environnement autour d’un projet commun. Le projet propose une alternative au système alimentaire par la récolte « d’aliments itinérants » vers une seconde vie où l’engagement social des personnes en situation d’itinérance contribue à la réduction du gaspillage par la réorientation des aliments itinérants.
Bref, la proposition intègre le principe de cohabitation sociale entre les populations marginalisées et les habitants du quartier et offre une opportunité de soutien pour les gens sans domicile fixe. Ainsi la rencontre de l’architecture et de l’itinérance est nécessaire pour un quartier résilient et inclusif.